Service féminin à 100 pour cent
Par les femmes, pour les femmes
27 janvier 2025 agvs-upsa.ch – Les garages et les ateliers sont encore majoritairement le domaine des hommes. Cela change non seulement grâce à des talents comme Sophie Schumacher, qui a remporté l’or aux WorldSkills, mais aussi grâce à des idées comme le service 100 pour cent féminin chez Autonova à Payerne. Les médias de l’UPSA ont voulu en savoir plus. Jürg A. Stettler
Rachel Fasel, secrétaire de direction chez Autonova, a eu l’idée, il y a un peu plus de trois ans, d’un service 100 pour cent féminin pour les clientes. Photos : médias de l'UPSA
De l’extérieur, Autonova à Payerne ressemble à de nombreuses autres concessions Skoda et Volkswagen en Suisse, et pourtant, quelque chose est différent ici. D’une part, la proportion de femmes parmi le personnel est clairement plus élevée, pas moins de dix femmes font partie de l’équipe des quelque 45 employés du garage UPSA, mais ce n’est pas la seule raison. Rachel Fasel, secrétaire de direction chez Autonova, a eu l’idée, il y a un peu plus de trois ans, d’un service 100 % pour les clientes. De l’accueil à l’atelier, en passant par la vente et le conseil après-vente, il est désormais possible de bénéficier à Payerne, en tant que femme, d’un service assuré par des femmes, si elles le souhaitent !
Luana Molle, conseillère de vente VW, explique les détails d’un nouveau modèle VW dans le showroom.
Lutter contre les préjugés
« Au téléphone, avant notre action, j’ai souvent entendu des femmes dire qu’elles viendraient avec leur ami, leur frère, leur père ou leur mari pour le service ou la réparation, parce qu’elles n’étaient pas sûres que leurs requêtes seraient vraiment prises au sérieux dans une branche automobile encore dominée par les hommes ou parce qu’elles ne se sentaient tout simplement pas tout à fait à l’aise », se souvient Rachel Fasel, 49 ans. Cela l'a longtemps préoccupée, car elle se sent elle-même à l’aise dans la branche automobile et voulait faire quelque chose contre ces préjugés. « J’ai un petit carnet à côté du lit et quand j’ai une idée, je dois l’écrire tout de suite pour m’en souvenir le matin », révèle-t-elle en riant. « Le service 100 % féminin est exactement ce genre d’idée. »
Les attentes du membre de l’UPSA concernant un service 100 % ont été clairement dépassées.
Une forte proportion de femmes a aidé à la réalisation
Elle a commencé par faire des recherches pour savoir si cela existait déjà et a découvert, par exemple, le garage Only Girls, qui a ouvert en 2008 dans la région de Montpellier (F), puis dans la banlieue de Paris. Aux États-Unis, Patrice Banks, ingénieur et mécanicienne de formation, a lancé il y a plus de dix ans la Girls Auto Clinic près de Philadelphie. Ceci parce que P. Banks, malgré ses connaissances professionnelles, avait l’impression qu’un homme devait l’accompagner au garage pour qu’elle ne se fasse pas arnaquer. Rachel Fasel n’a cependant pas trouvé d’exemples de services pour femmes en Suisse et s’est donc attelée à mettre en oeuvre cette idée dans notre pays. « Il y a 13 ans, une mécatronicienne, une femme dans l’administration et moi-même travaillions déjà ici à Autonova, et maintenant nous sommes dix femmes dans l’équipe », révèle-t-elle avec satisfaction. « Je n’ai donc pas eu besoin de chercher spécialement des employées pour mettre en place le service 100 % féminin, ce qui a beaucoup facilité les choses. »
Nous avons un numéro de téléphone spécial pour le service, car la femme doit être accueillie au téléphone par une femme et non par un homme qui la met en relation avec une collaboratrice », explique R. Fasel. Elle précise en outre immédiatement : « Si une femme appelle, elle n’est pas automatiquement assignée au service des femmes. Tout cela est facultatif, mais il y a beaucoup de clientes qui l’apprécient. Nous avons des clientes qui font spécialement le trajet depuis Lausanne, ce qui représente tout de même une cinquantaine de kilomètres, pour bénéficier d’un service 100 % féminin .»
Cristina de Garça Monteiro apporte la touche finale à la préparation d’une voiture afin qu’elle puisse être livrée en parfait état à la cliente.
Diffamations et menaces
Chez Autonova, il y a bien sûr aussi des clientes qui souhaitent un service traditionnel, elles sont alors simplement transmises à la prochaine personne disponible. Pour Rachel Fasel, il s’agissait tout simplement de répondre à un besoin évident de la clientèle et d’offrir un service de qualité. Et comment l’importateur a-t-il réagi à cette innovation ? « Nous ne sommes certes pas une entreprise Amag, mais le directeur régional à qui j’ai expliqué le concept lors d’une visite a eu un moment d’hésitation sur le moment », explique-t-elle. « J’ai eu un frisson dans le dos », se souvient-elle. « Et puis il a dit que c’était une excellente chose, et bien sûr j’étais soulagée ! »
Mais, étonnamment, elle n’a pas reçu que des louanges pour cette idée intelligente de proposer une solution sur mesure à une clientèle importante. Les hommes qui se moquaient au téléphone du service 100 % étaient le moindre mal. Rachel Fasel a dû faire face aux pires diffamations et même à des menaces. « Cela m’a horrifiée. Après tout, je suis tout sauf une féministe. Pour moi, c’est simplement une façon de répondre aux besoins de la clientèle ». De plus, nous ne vivons plus dans les années 1980, où des calendriers et des posters de femmes légèrement vêtues étaient encore accrochés dans les ateliers, ajoute-t-elle. Les temps ont heureusement changé, et il y a aussi des hommes qui ont félicité ce membre innovant de l’UPSA pour sa nouvelle offre, car ils n’ont désormais plus besoin d’accompagner spécialement leur femme à l’atelier.
Coralie Garcia s’occupe des demandes de service après-vente concernant les modèles VW.
Des attentes clairement dépassées
Après le feu vert de la direction, j’ai d’abord travaillé sur la stratégie de l’organisation, la planification et la logistique. Il a également fallu créer le logo adéquat et les flyers correspondants, ce qui a presque été le plus difficile, car nous ne voulions pas exagérer le message du service exclusivement féminin ». Après de petits désaccords au début, les choses se passent maintenant mieux que prévu. « Nous sommes extrêmement satisfaits, les résultats et les effets dépassent de loin nos attentes », révèle R. Fasel avec un sourire radieux. « Nous avons spécialement introduit un dossier violet pour que tous les collaborateurs sachent que ce véhicule ne doit rester qu’entre les mains des femmes », explique-t-elle.
Elle tend à Malika Renout, mécanicienne de formation qui travaille désormais au service à la clientèle et connaît parfaitement les deux marques VW et Skoda, une pile de dossiers dans laquelle brille par intermittence un peu de violet. M. Renout elle-même doit parfois lutter contre des stéréotypes. « Parfois, j’ai également dû faire comprendre que j’étais aussi compétente qu’un homme », explique-t-elle en répondant au prochain appel. Une voiture doit être récupérée pour une cliente sur le deuxième site, où l’on s’occupe surtout des véhicules utilitaires et de la préparation des véhicules. Un cas pour Rachel Fasel ; non seulement elle coordonne le tout, mais elle n’hésite pas non plus à donner un coup de main au cas où il y aurait urgence.
Malika Renout, mécanicienne de formation, avec l’un des dossiers violets qui garantissent que les véhicules des clientes restent uniquement entre les mains des femmes.
Outre une meilleure exploitation de la capacité et une plus grande notoriété d’Autonova, bien au-delà de la région de Payerne, le service 100 % féminin a suscité diverses demandes de sponsoring. « De différents groupes avec différentes orientations sexuelles à des demandes de soutien pour un festival lesbien », explique R. Fasel. Parmi toutes ces propositions, le garage a décidé de soutenir l’une des cinq équipes romandes qui participeront au prochain « Rallye Aïcha des Gazelles » en avril 2025 au Maroc. « Nous examinons également d’autres suggestions et demandes et nous continuerons certainement à développer notre service clientèle. Nous ne sommes pas à court d’idées », explique Rachel Fasel avec un sourire entendu, et si c’est le cas, il suffira peut-être de jeter un coup d’oeil le matin dans le bloc-notes posé sur la table de chevet...
Dans l’entrepôt, Ana Fernandes Conceiçao s’assure que les pièces de rechange du service féminin sont également entre les mains de femmes.
Ajouter un commentaire
Commentaires